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pensées

je connaissais moins le cœur des rois que lui (et sans doute je le connais moins, encore aujourd’hui), je ne m’arrêtais point à cette action, je la regardais comme naturelle.

Cette observation lue dans mes sensations et qui m’est bien évidente peut m’aider à deviner

1o Comment le vulgaire est devant les pièces des grands peintres du cœur dont il ne saisit pas les intentions. Il regarde cela comme tout simple. Shakspeare aussi a-t-il fait remarquer ce trait parle roi, peignant ainsi deux caractères par conséquent du même trait :

1. L’amour de Henri pour son père,

2. Le malheur du roi qui croyait que son fils désirait sa mort à ce point.

2o Que nous appelons naturel ce qui est conforme à notre nature, à nous. J’aurais défendu mon père plus que moi-même : je croyais cela naturel à tous les hommes.

*

J’ai une chose qui peut nuire au bonheur de mes autres passions, mais qui est bien heureuse pour ma gloire.

*

On peint toujours les hommes beaucoup d’après son cœur. (Ou plutôt on peut connaître la tête des autres par leurs opi-