Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/166

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pureté étonnantes, a été extrêmement applaudie ; elle a une figure aussi belle que son chant. Un débutant, le signor Ambrosi, a fait beaucoup de plaisir ; c’est un homme de la société. Mais il y avait trop de plaisirs. Je suis mort de fatigue, ce qui m’a empêché de rire d’un usage français et ridicule qui s’introduit ici. Après la pièce, lorsqu’on a demandé les acteurs, Galli et Rossini se sont embrassés tendrement sur la scène.

Le 17 juillet. — Ce grand poëte muet, Viganò, n’a point suivi les traces d’Alfiert dans sa Mirra. L’action commence par le choix d’un époux que Cynire destine à Mirra ; peu à peu cette fille malheureuse paraît en proie à son fatal amour, et sa mort trop prévue termine l’action. Malgré le malheur du sujet, jamais spectacle ne fut plus plein de vie ; quand on en sort, on est poursuivi par dix ou douze ensembles de groupes qui remplissent l’imagination comme le souvenir de beaux tableaux. À chaque représentation, on aperçoit de nouveaux détails enchanteurs ; le mouvement des masses frappe par la singularité, l’ordre, la variété ; et, quoique tout surprenne, rien ne semble sortir de la nature. L’œil le plus accoutumé à ce qu’il y a de plus sublime dans le beau