Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/167

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pittoresque ne peut s’empêcher de reconnaître le génie d’un grand peintre. Les spectateurs s’attendaient à un plaisir extrême, ils n’ont eu que les sensations que comporte ce sujet malheureux. On peut juger si Viganò a travaillé con amore ; la Pallerini faisait le rôle de Mirra.

Il a dirigé la distribution des couleurs dans les vêtements qui sont magnifiques, et, ce qui est bien plus rare, qui font plaisir à l’œil. Tout le monde convenait hier, et encore plus ce soir, que jamais on n’avait vu une si piquante variété réunie à tant d’harmonie ; mais quelque grand que Viganò ait été dans le coloris des costumes, M. Sanquirico me semble le surpasser par ses divines décorations. Elles sont telles, que ce soir nous remarquions que personne ne peut même imaginer rien de mieux : C’est la perfection d’un art.

Au milieu de l’enthousiasme excité par cette belle production pittoresque, la musique a paru faible, les pas de danse n’ont pas semblé réunir la grâce à la nouveauté. Les amateurs regrettaient Paris, non certes pour l’action des ballets qui, négligeant le dramatique, ennuient bientôt et ne peuvent se comparer à ceci, même pour un instant. Mais si Paul, Albert, mademoiselle Bigottini, mademoiselle Bias