Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/203

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froideur et de désintérêt qui repousse la sympathie. Je prends pour bonnes toutes ces vertus de Genève ; c’est la ville où il y a le moins de maris trompés, et je ne voudrais pas pour tout l’or du monde être marié à Genève. Malgré mon horreur pour la vie morale de Naples, je la préférerais à celle de Genève ; il y a au moins du naturel.

4 août. — On vient de me raconter que le grand et le petit Conseil de la république s’étaient assemblés pour prendre en considération les malheurs qui pourraient trouver leur source dans le manque de subsistances. La question a été débattue séparément dans les deux Conseils, avec cet esprit de calme et de prudence et cette liberté de pensées qu’on trouve si rarement ailleurs que dans les républiques. Les magnifiques Conseils n’ont point dédaigné les lumières du siècle ; ils ont consulté un ouvrage justement célèbre (Malthus), qui a trouvé un digne traducteur dans le corps si respectable des professeurs de Genève. Ils ont surtout cherché à se garantir de cet esprit de légèreté qui a causé tant de malheurs chez une nation voisine[1]. Après trois

  1. Ce sont les propres termes de la proclamation aux habitants de la partie du pays de Gex réunie à la république.