Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Pour le style, on sent toujours qu’il a coûté beaucoup d’efforts à un homme d’un grand génie. Toujours par l’usage de tournures aussi concises que magnifiques, l’auteur travaille à donner à son vers une sorte de force factice et d’énergie. Pour enfermer beaucoup de sens en peu de mots, il accumule les interrogations, les antithèses, les maximes courtes et exprimées dans un ordre inverse, singulier dans la langue.

« Sous tous ces rapports, aussi bien par la gravité correcte des sentiments que par [a parfaite propriété et la sage modération de toutes les peintures de passions, ses tragédies sont exactement le contraire de ce qu’on pouvait se promettre du caractère enflammé et indépendant qui distingua leur auteur. D’après ce que je lui ai vu faire pendant sa vie, et ce qu’il nous avoue dans ses consciencieuses confessions, on devait s’attendre à voir dans ses tragédies une grande véhémence dans les actions ; et dans le dialogue une éloquence aussi irrégulière que sublime ; des sentiments extravagants, mais ravissants par leur énergie et leur nouveauté ; des passions allant jusqu’à la frénésie, et une poésie enflammée, approchant de l’emphase brillante de l’Orient.