Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/110

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— Voilà, voyez-vous, dit-il, je suis un drôle d’homme, et étrange pour les étrangers, mais ma parole est un engagement et en voilà la preuve.

Maintenant mon oncle me paraissait si foncièrement avare que je fus confondu de cette subite générosité, et ne pus trouver un mot pour le remercier.

— Pas un mot, me dit-il, pas de remerciements, je ne veux pas de remerciements. Je fais mon devoir. Je ne dis pas que le premier venu l’aurait fait, mais pour ma part, bien que je sois un homme rangé, après tout, c’est avec plaisir que je m’acquitte d’un devoir envers le fils de mon frère. C’est un plaisir pour moi de songer que nous nous entendrons, comme de vrais amis.

Je lui répondis dans les meilleurs termes que je pus trouver, mais tout en parlant, je me demandais ce qui allait arriver, et pourquoi il se séparait de ses chères guinées, car le motif qu’il en avait donné était tel qu’un bébé se fût refusé à y croire.

Et aussitôt il me lança un coup d’œil de côté.

— Voyons, à présent, me dit-il, service pour service.

Je lui répondis que j’étais prêt à lui prouver ma reconnaissance de toute manière raisonnable, et alors j’attendis, croyant voir surgir quelque monstrueuse demande.

Et pourtant lorsqu’enfin il eût rassemblé tout son courage pour parler, il me dit tout simplement, et je trouvai la chose fort à propos, qu’il était un peu cassé, qu’il comptait sur moi pour l’aider à tenir la maison et à cultiver le jardinet.

Je répondis que j’étais tout disposé à le servir.

— Bien, dit-il, nous allons commencer.

Il tira de sa poche une clef rouillée.

— Voici, me dit-il, la clef de la tour où est l’escalier, là-bas, à l’autre bout de la maison. Vous ne pou-