Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/18

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ciété des Arts d’Édimbourg pour une brochure sur un projet de perfectionnement de l’appareil d’éclairage des phares. Pourtant le travail de bureau lui répugnait : de la carrière de l’ingénieur, la vie en plein air seule lui convenait. D’autre part, sa santé, qui ne s’améliorait pas, pouvait lui refuser les forces nécessaires à l’exercice d’une profession fatigante. Alors il demeurait inactif. Il écrivait déjà. S’il n’avait commis que des péchés littéraires, sa famille n’y eût guère trouvé à redire : elle avait, on l’a vu, favorisé et applaudi ses débuts. Mais Stevenson ne donnait pas seulement à son père et à sa mère le déplaisir de le voir contraint à chercher sa voie dans une autre carrière que celle de ses pères. Il se singularisait par des attitudes antipathiques aux siens, se prononçant un jour pour l’abolition de la peine capitale, un autre se posant en révolté au point de vue religieux. Secouant le joug étroit du calvinisme, le jeune homme affectait de se qualifier d’athée, s’amusait à mettre en lumière l’abîme qui existait entre les enseignements du Christ et les habitudes de la société chrétienne actuelle. Il déclarait que le communisme était une théorie parfaitement soutenable. Bref, il faisait tout ce qu’il fallait pour passer pour un socialiste sang de bœuf, presque pour un anarchiste[1]. Il se signalait par son

  1. Cela n’empêche pas son biographe et parent Balfour, qui paraît bien renseigné, d’estimer que, s’il se fût par la suite occupé de politique, il eût été un ferme soutien de la politique Tory.