Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/19

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opposition au ministère Gladstone et se faisait arrêter pour tapage nocturne dans les rues d’Édimbourg avec d’autres étudiants trop bruyants.

En présence de ces explosions d’esprit frondeur, Thomas Stevenson employa les moyens les moins propres à exercer quelque action conforme à ses vues sur son fils rebelle. Jusque-là, il ne lui avait refusé ni soins minutieux ni plaisirs coûteux. Le jeune homme avait contracté de la sorte des habitudes de luxe et de dépense, le goût de l’élégance et de la vie facile. Brusquement, M. Stevenson lui coupa les vivres, le réduisant à une pension de cinq shellings la semaine. Heureusement Mme Stevenson se laissait parfois apitoyer. Néanmoins le monde, dans lequel les faibles ressources de Robert-Louis le rejetaient, était du plus bas étage et sa moralité du plus faible étiage. Veston-de-velours — on le nommait ainsi — établit son quartier général chez un marchand de tabac où fréquentaient des matelots, des ramoneurs, des pègres et des filles, société sans cesse écrémée par l’action des magistrats de police. Stevenson les suivait ensuite dans les cuisines enfumées et sans pavage de l’Éléphant vert, de l’Œil qui brille et du Gai Japonais, hôtelleries suspectes qu’il s’étonnait plus tard d’avoir pu fréquenter. Là, sur des cahiers d’écolier d’un penny, il faisait des vers comme un autre Villon,

Tout aux tavernes et aux filles.

« Si grossier que fût le milieu, je ne range pas ces jours-