Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/221

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arrière, il me prépara un punch très fort avec de l’eau-de-vie du pays.

Pendant tout ce temps, je mangeai, et, ensuite, quand je bus le punch, je pus à peine croire à ma bonne fortune et me figurer que la maison, avec la couche épaisse de suie, qu’y avait laissée le feu de tourbe, et ses murs percés comme une écumoire, ne fût pas un palais.

Le punch me causa une abondante transpiration et me plongea dans un profond sommeil.

Les braves gens me laissèrent dormir, et le lendemain il était près de midi quand je me mis en route. Ma gorge était déjà un peu dégagée, et mon entrain m’était revenu, grâce à ce bon traitement et à ces bonnes nouvelles.

Le vieux gentleman, malgré mes vives instances, ne voulut pas accepter d’argent, et me donna un vieux bonnet pour me couvrir la tête.

J’avouerai qu’à peine arrivé hors de vue de la maison, je me hâtai de laver soigneusement son présent dans une source qui se trouvait près du chemin.

Et je me dis à part moi :

— Si c’est là la sauvagerie des Highlanders, je souhaite vivement que les gens de chez moi soient plus sauvages encore.

Non seulement il était tard quand je me mis en route, mais je dus m’égarer pendant une bonne moitié du chemin.

Sans doute je rencontrai beaucoup de gens qui piochaient de misérables petits champs, qui ne produisaient pas assez pour nourrir un chat, ou gardaient de petits bestiaux pas plus gros que des ânes.

Le costume Highlander étant interdit par la loi depuis la rébellion, et les gens forcés à porter le cos-