Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/330

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un de mes semblables, alors que j’eusse mieux fait de tomber à genoux et d’implorer la miséricorde de Dieu,

Et à chaque raillerie d’Alan, je haussais les épaules.

— Ah ! me disais-je en moi-même, j’ai là toute prête une raillerie d’une autre sorte ; quand je me coucherai pour mourir, vous recevrez comme un coup en pleine figure. Ah ! quelle revanche ! Ah ! combien vous regretterez votre ingratitude et votre cruauté !

Je continuais à m’affaiblir, j’allais de mal en pis.

Une fois j’étais même tombé, tout simplement parce que mes jambes avaient ployé sous moi, et cela avait frappé Alan sur le moment, mais je m’étais ensuite relevé de façon si alerte, et je m’étais remis en marche d’un air si naturel, qu’il ne songea bientôt plus à l’incident.

Il me venait parfois des bouffées de chaleur suivies de frissons convulsifs.

La douleur aiguë, que j’avais au côté, était à peine supportable.

Enfin je commençai à reconnaître qu’il m’était impossible de me traîner plus loin, et avec cette certitude me vint aussitôt le désir d’en finir avec Alan, de donner libre cours à ma colère, ce qui pourrait mettre fin à ma vie d’une façon plus rapide.

Il venait justement de me traiter de Whig.

Je m’arrêtai.

— Monsieur Stewart, lui dis-je d’une voix qui tremblait comme une corde de violon, vous êtes plus âgé que moi, et vous devriez connaître les bonnes manières. Croyez-vous qu’il soit bien sage, ou même bien spirituel, de me jeter mes opinions politiques à la figure ? Je croyais que quand les gens n’étaient pas d’accord, des gentilshommes devaient au moins être polis dans ce désaccord, et si je ne l’étais pas, je pourrais