Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/331

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vous lancer quelque moquerie bien meilleure que certaines des vôtres.

Alan s’arrêta devant moi, son chapeau de côté, les mains dans les poches de sa culotte, la tête un peu de côté.

Il écouta, avec un mauvais sourire, autant que je pus voir à la lueur des étoiles, et quand je me tus, il se mit à siffler un air jacobite.

C’était la chanson composée pour se moquer de la défaite éprouvée par le général Cape à Preston-Pans.


Hé ! Jeannot Cape, êtes-vous encore en marche ?
Et vos tambours battent-ils encore ?


Il me vint à l’esprit qu’Alan, lors de cette bataille, faisait partie de l’armée royale.

— Pourquoi choisissez-vous cet air-là, monsieur Stewart ? Est-ce pour me rappeler que vous avez été battu des deux côtés ?

L’air s’arrêta sur les lèvres d’Alan.

— David ! dit-il.

— Mais il est temps que ces manières-là cessent, repris-je, et j’entends qu’à partir d’aujourd’hui vous parliez poliment de mon roi et de mes bons amis, les Campbells.

— Je suis un Stewart… commença Alan.

— Oh ! dis-je, vous portez un nom de roi, mais vous devez vous rappeler que j’ai vu un grand nombre de gens qui portent ce nom-là, depuis que j’ai été dans les Hautes-Terres, et que tout le bien qu’on peut en dire, c’est qu’ils gagneraient beaucoup à être débarbouillés.

— Savez-vous que vous m’insultez ? dit Alan d’un ton très bas.

— J’en suis fâché, dis-je, car je n’ai pas tout dit, et