Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/78

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vais anglais, et un piètre conteur. « C’était un homme heureusement créé pour rêver les yeux ouverts, un voyant de visions capricieuses, belles ou plaisantes, mais il n’avait guère du grand artiste, et même de l’artiste en soi, dans le sens viril de ce mot. Il se plaisait à lui-même, et c’est ainsi qu’il nous a plu. Il a goûté pleinement à tous les plaisirs de son art, mais nul n’en connut moins les peines, les veilles et les angoisses. Il fut un grand romancier et un enfant vaniteux ! »

Ces mots sont, au fond, une confession : ils révèlent le secret de cette élaboration consciente d’où résulte cette merveilleuse beauté plastique qui distingue tous les écrits, sans exception, de Stevenson. Ils avouent aussi ce qui fut le côté faible de son immense talent ; ils mettent en lumière le caractère factice, artificiel, voulu de sa prose.

Et pourtant quelles pages maîtresses que la fuite dans la bruyère d’Enlevé, le procès de David Balfour dans Catriona, le duel dans les ténèbres du Maître de Ballantraé. Quels portraits que celui d’Alan Breck, de la délicieuse Catriona ! En y songeant, on répète le mot du haut chef samoan Mataafa.


Qui fut une fois l’ami de Tusitala
Demeure toujours l’ami de Tusitala


Albert Savine.