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Page:Stevenson - Enlevé (trad. Varlet), 1932.djvu/159

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pas honneur. Des boyaux ! dites-vous ? Que deviendrais-je sans mon tromblon ?

– De la poudre et vos vieilles mains ne sont rien que l’escargot vis-à-vis de l’hirondelle, comparé à l’acier brillant aux mains d’Alan, dit l’autre. Avant que votre doigt vacillant ait trouvé la détente, ma garde résonnera sur votre bréchet.

– Eh, l’ami ! qui songe à le nier ? dit mon oncle. Agissez à votre guise, je ne vous contredis pas. Dites-moi seulement combien vous voulez, et vous verrez que nous nous entendrons fort bien.

– Ma foi, monsieur, je ne désire rien qu’un marché honnête. En deux mots voulez-vous que le jeune homme soit tué ou séquestré ?

– Ô Seigneur ! s’écria Ebenezer. Seigneur mon Dieu ! quel langage est-ce là ?

– Tué ou séquestré ? répéta Alan.

– Oh ! séquestré, séquestré, vagit mon oncle. Pas de sang, s’il vous plaît.

– Comme vous voudrez ; mais ce sera plus cher.

– Plus cher ? Irez-vous souiller vos mains d’un crime ?

– Baste ! dit Alan, les deux sont un crime. Et tuer est plus facile, plus bref et plus sûr. Garder le jeune homme est besogne fâcheuse et fastidieuse.

– Je tiens à ce qu’il soit gardé, cependant, répliqua mon oncle. Je n’ai jamais rien eu à faire avec quoi que ce soit de moralement mauvais et je ne vais pas commencer pour faire plaisir à un sauvage Highlander.

– Vous êtes singulièrement scrupuleux, dit-il.

– Je suis un homme de principes, dit Ebenezer, simplement ; et si je dois payer pour cela, je paierai. Et d’ailleurs, ajouta-t-il, vous oubliez que le jeune homme est le fils de mon frère.

– Bon, bon, dit Alan. Causons maintenant du prix. Je ne vois pas très bien comment je le fixerai. J’aimerais d’abord avoir quelques petits détails. J’aimerais savoir, par exemple, ce que vous avez donné à Hoseason la première fois.

– Hoseason ! s’écria mon oncle, ahuri. Pourquoi ?

– Pour enlever David, dit Alan.

– C’est un mensonge ! c’est un mensonge noir ! Il n’a jamais été enlevé ! Il a menti par sa gorge, celui qui vous a raconté cela ! Enlevé ? jamais de la vie !

– Ce n’est pas ma faute, ni la vôtre, dit Alan, ni celle de Hoseason, si l’on ne peut se fier à lui.

– Que voulez-vous dire ? s’écria Ebenezer. Hoseason vous a-t-il raconté ?

– Voyons, sinistre crapule, comment le saurais-je autrement ? s’écria Alan. Hoseason et moi sommes associés ; nous partageons les bénéfices ; aussi vous pouvez voir combien cela vous sert de mentir. Et je vous dirai tout franc que vous avez fait un marché de dupe, en laissant un homme comme le marin pénétrer si avant dans vos affaires privées. Mais il est trop tard pour y remédier ; et il vous faut vous coucher