Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/227

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occupés à démolir le pont pour construire un radeau ; et Dick se joignit à eux, travaillant dur pour ne pas penser à sa situation. Mais, dans son travail même, chaque lame qui frappait le pauvre vaisseau, et chaque lourde embardée, lorsqu’il culbutait en roulant entre les vagues, lui rappelait avec une affreuse angoisse la mort prochaine.

Bientôt, levant les yeux de son travail, il vit qu’ils étaient tout prêts de la côte, au bas d’un promontoire ; un morceau d’une falaise effondrée, contre la base de laquelle la mer se brisait, blanche et forte, surplombait presque le pont, et, plus haut encore, apparaissait une maison, couronnant une dune.

À l’intérieur de la baie, les lames couraient gaîment, soulevaient la Bonne Espérance sur leurs épaules tachetées d’écume, l’emportaient malgré le timonier, et, tout à coup la jetèrent avec un grand choc sur le sable, et commencèrent à se briser sur elle à mi-hauteur du mât en la faisant rouler deci, delà. Une autre forte vague suivit, la souleva de nouveau et la porta encore plus loin ; alors une troisième suivit et la laissa loin sur la côte du plus dangereux des récifs, calée sur un banc.

— Eh bien, les garçons, s’écria Lawless, les saints ont veillé sur nous, on peut le dire. La marée descend, asseyons-nous et buvons un verre de vin ; avant une demi-heure, vous pourrez