Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/150

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ulster dépenaillé achevait de le faire ressembler à un marchand d’allumettes ambulant.

— Me voici, William Dent ! s’écria-t-il en ôtant le chapeau de feutre mou dont il s’était coiffé.

Après quoi, tirant de sa poche deux mèches de poils rouges, il se les colla sur les joues, en manière de favoris, et se mit à danser d’un bout à l’autre de l’atelier, avec les grâces affectées d’une ballerine.

Pitman sourit tristement.

— Jamais je ne vous aurais reconnu ! dit-il.

— Voilà dont je suis bien aise ! répondit Michel, en refourrant ses favoris dans sa poche. Mais à présent nous allons passer en revue votre garde-robe, car c’est à votre tour de vous déguiser !

— Me déguiser ? gémit l’artiste. Et-ce qu’il faut vraiment que je me déguise ? Les choses en sont-elles donc là ?

— Mon cher ami, répliqua Michel, le déguisement est le charme de la vie. Qu’est-ce que la vie, comme le dit très bien le grand philosophe français, sans les plaisirs des déguisements ? Mais d’ailleurs nous n’avons pas le choix : la nécessité est là ! Il faut que nous soyons méconnaissables pour nombre de personnes, aujourd’hui, et en particulier pour M. Gédéon Forsyth,