Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/302

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Tout à coup, Michel eut un éclat de rire si violent et si prolongé que ses deux compagnons supposèrent, sans l’ombre d’un doute possible, que sa raison venait de l’abandonner. En vain il s’efforçait de reprendre son calme ; au moment où il se croyait enfin sur le point d’y réussir, une nouvelle vague de fou rire accourait et le soulevait. Et je dois ajouter que, de toute cette dramatique entrevue, ce fut là l’épisode le plus sinistre : Michel se tordant d’un rire insensé, pendant que Pitman et Maurice, réunis par une même épouvante, échangeaient des regards pleins d’anxiété.

— Maurice — bredouilla enfin l’avoué entre deux bouffées de son rire — je comprends tout, à présent. Et vous aussi, vous allez tout comprendre, sur un seul mot que je vais vous dire ! Sachez donc que, jusqu’à l’instant de tout à l’heure, je n’avais pas deviné que ce corps était celui de l’oncle Joseph !

Cette déclaration relâcha un peu la tension de Maurice ; mais, pour Pitman, au contraire, elle fut comme un dernier coup de vent éteignant la dernière chandelle, dans la nuit de son pauvre cerveau affolé. L’oncle Joseph, qu’il avait laissé, une heure auparavant, dans son salon de Norfolk Street, occupé à découper de vieux journaux ! Et voilà que c’était ce même oncle Joseph dont il avait