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Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/134

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Cette fois encore, Silas eut du bonheur. Il aperçut un personnage assez corpulent, d’une beauté de traits remarquable et d’un aspect majestueux mais affable, assis devant une table en compagnie d’un autre homme de quelques années plus jeune, qui l’entretenait avec une visible déférence. Le nom de prince sonna agréablement aux oreilles républicaines de Silas, et celui à qui ce titre était donné exerça sur lui un charme particulier. Il laissa Mme Zéphyrine et son Anglais se suffire l’un à l’autre, et, coupant à travers la foule, s’approcha de la table que le prince et son confident avaient honorée de leur choix.

« Je vous déclare, Geraldine, disait le premier, que c’est pure folie. Vous-même (je suis aise de m’en souvenir), avez choisi votre frère pour cette mission périlleuse ; vous êtes donc tenu en conscience de surveiller sa conduite. Il a consenti à s’arrêter trop longtemps à Paris ; ceci déjà était une imprudence, si l’on considère le caractère de l’homme contre lequel il doit lutter ; mais maintenant qu’il est à quarante-huit heures de son départ, et à deux ou trois jours de l’épreuve décisive, je vous le demande, est-ce ici l’endroit où il doit passer son temps ? Sa place serait plutôt dans une salle d’armes à se faire la