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« C’est impossible, s’écria-t-il, vous devez avoir une raison plus sérieuse que celle-là.

— Je n’ai plus le sou, ajouta Florizel. C’est aussi un tourment. Mon oisiveté en souffre. »

Le président tourmenta son cigare pendant quelques secondes en regardant droit dans les yeux ce néophyte extraordinaire ; mais le prince supporta son examen avec un sang-froid imperturbable.

« Si je n’avais une si grande expérience, dit à la fin le président, je vous renverrais. Mais je connais le monde ; il arrive qu’en matière de suicide les causes les plus frivoles sont souvent les plus irrésistibles. Et, lorsqu’un homme me plaît, comme vous me plaisez, Monsieur, je presse la conclusion plutôt que je ne la retarde. »

Le prince et le colonel furent soumis à un interrogatoire long et particulier, le prince seul d’abord ; puis Geraldine en présence de ce dernier, de sorte que le président pouvait observer la contenance de l’un, tout en écoutant les réponses de l’autre. Le résultat fut satisfaisant et le président, après avoir enregistré quelques détails sur un carnet, leur proposa de prêter serment. On ne saurait imaginer de formule plus absolue de l’obéissance passive, rien de plus rigoureux