Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/124

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Deux ou trois passages de la Sonate pour violon sont dignes de Jean-Sébastien Bach[1]. Là encore, dans la dernière œuvre sortie de sa main, Debussy montre la plus rare de ses vertus, dans une pureté incomparable : la sobriété ne peut aller plus loin. Il la pousse jusqu’à l’avarice, jusqu’au dédain de plaire, lui qui est tout charme et tout désir de charmer. Quand il nous découvre une perle sonore d’une suavité merveilleuse, je lui en voudrais de ne jamais me la présenter deux fois : il la dérobe aussitôt ; il en sait le prix,

  1. Sonate pour Violon : Les paragraphes 2 et 3 du premier temps ; le Scherzando du second, pages 11 et 12, le Meno Mosso, qui rappelle le plus beau passage de la Grande Fugue pour Archets de Beethoven, op. 133 ; le paragraphe 3 du troisième temps, d’une variété si expressive et d’une grâce aiguë.

    Sonate pour Violoncelle : l’admirable premier temps ; le Lento paragraphe 9 du troisième. Sans doute les deux Sonates n’ont pas la plénitude sublime de Bach dans les siennes et dans ses Concertos. Mais elles seules y peuvent être comparées depuis Mozart et Beethoven.