Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/72

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blême ou glacé sur l’étendue livide : mais combien plus le silence étouffé de l’espace où le cœur s’entend battre et presque s’arrêter, malade de chagrin, hanté de mélancolie, haletant de doutes et de regrets. Le petit souffle qui suspend parfois le flocon dans sa chute et le fait tomber de côté ; la longue, l’interminable route ; la nostalgie de la lumière absente et de la chaude caresse : cette solitude, infinie, en un mot, qui est celle de notre âme, cheminant penchée sur elle-même et dont tous les déserts et tous les hivers de la terre n’approchent jamais.

De même La Fille aux cheveux de lin : elle est là, avec toute son apparence mortelle, ses lèvres virginales, ses petits ongles de nacre sur ses doigts joints ; ses yeux de seize ans, ses pervenches marines d’Irlande ;