Page:Suarès - Les bourdons sont en fleur.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mains du ciel ! Ah ! mains de la terre ! (Tout bas.) Douces mains sans ongles , ô lèvres . vous m'avez saisi , vous me buvez, je vous aime , je vous aime ! (Avec accablement. ) Non , je n'y peux pas suffire . /^ Prenez en pitié mon mince amour, ô Vous, Amour Suprême . Sans vous , saurais-je assez vous aimer ! je suis si pau- vre ! O Sauveur, partagez-moi de cet eimour qui a comblé le monde (ï7 sourit douloureus:ment) , sur les quatre horizons , l'effaçant d'une croix... Les flèches d'amour percent mon sein, barbelées de délices. Non , ce n'est pas assez de toute ma chair. (Il fait le geste d'enfoncer le% traits dans sa poitrine.) Je suis ton cher agonisant. Amour! Tue-moi. Achève-moi , mon ado- rable supplice. (Sa \foix cède aux sanglots.) Excès de joie . Mort de moi-même . Me voici tout entier , sauvé dans mon Sauveur ! Que je périsse . en miettes , Amour ! Que je sois une écharde de cette croix , une goutte de ce sang ! Qu'entre tes doigts cloués enfin je ressuscite I (// baise le sol ; sa voix peu à peu défaut.) Epuise-toi d'amour , mon cœur : tu en seras plus riche . O puissé-je brûler comme l'encens le meilleur , qui ne laisse pas de cendre , comme la cire vierge qui fond dans le miel . Ah I ah ! je tombe contre la terre . je prends mesure d'amour , ma mère . O père, ô ciel suave, tombe sur ma

�� �