Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/256

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détournez-vous les yeux ? — Et pourtant, je sais que vous venez vers moi, vous qui paraissez tristes de me voir.

— Nous savons la cause de vos larmes.

— Ne la dites pas, si vous avez pitié de moi. Parfois, je rêve que je l’oublie, et que la main d’une bonté divine tarira les larmes dans mes yeux, soit qu’elle les rouvre sur la vie, ou qu’elle les ferme, je ne sais.

— En vérité, Il est mort. Il est mort, Celui qui vous était si cher.

— Touche-moi, enfant. Plus fort, — frappe. Est-ce que je suis vivant ? Répète les mots que tu viens de dire.

— En vérité, Il est mort.

— J’entends ce glas. Ainsi, c’est moi qui devais vivre, pour pleurer chaque jour, chaque soir le cœur de mon cœur.