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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/257

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C’est pour nous, ô mon amour, qu’à jamais cette cloche sonne. Vous qui passez, pourquoi me regardez-vous en faisant des signes ?

— Nous avons pitié de vous, et nous avons mal de notre pitié. Vos larmes nous font reproche et nous font honte ; car nous n’y mêlons pas les nôtres.

— Je pleure parce que je suis, et qu’Il ne peut plus être ; et qu’il n’est pas possible, hommes, s’Il ne l’est plus, que je le sois. Il valait mieux que moi. Et je pleure, peut-être aussi, parce que vous êtes.

— Adieu ; nous le sentons. La vie est un outrage à la mort. Ô vous, qui souffrez, pardonnez-nous de vivre. Nous subissons notre destin, comme vous le vôtre ; mais il nous est plus facile.

— Jadis, j’ai cru être de ceux qui