Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/79

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je suis trop sûr de n’en trouver jamais. Je fuis l’oubli : je suis assez fort pour haïr l’oubli plus que ma souffrance. Je ne veux pas être distrait : c’est encore que je ne puis pas l’être. Mais parfois, je voudrais entendre une harmonie à la désolation de mon chant.

Tous les livres sont vides. Toutes les paroles sont du vent.

Nul secours, en rien. Quelquefois même, c’est pis : la bonté m’importune. Les meilleurs me frappent, pour me panser. La main qui me touche renouvelle ma blessure.

Je suis dans la mort. En moi, vous touchez la mort, prenez garde.

Donnez moi de sa joie, s’il l’a : j’aurai la joie. S’il revient à la vie, j’aurai la vie. Pouvez-vous nous rendre la vie ? — Ha, laissez-moi. Je ne puis être consolé.