Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/80

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La rencontre


Vide de larmes, comme un blessé se croit vide de sang, je ne savais que faire, las et fiévreux. Je n’aurais pas su dire quelle était l’heure. L’ennui du cœur, qui étouffe l’action, jette sur la vie un manteau de sable : ainsi on jette de la terre sur un trop vaste incendie.

Je quittai ma maison, où rien ne me retient plus. J’hésitais dans l’escalier sombre. Le désir de rentrer me prenait avant d’être parti. Comme il arrive à ceux que le chagrin travaille, ils n’envient que ce