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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/155

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ment mon stupide orgueil que j’eus l’horrible courage d’ajouter, il est vrai lentement et avec une angoisse si douloureuse, que mes lèvres devinrent sèches et amères en prononçant ces mots :

« Et dans ces beaux projets d’union, qui ne seront probablement que des projets… vous n’aviez sans doute jamais songé à ma fortune ?

Quand ces terribles paroles furent dites… j’aurais donné ma vie pour les étouffer ; car tant que je les avais seulement pensées, elles n’avaient pas retenti à mon esprit dans toute leur ignoble signification ; mais lorsque je m’entendis répondre ainsi tout haut à ces aveux si ingénus, si nobles et si touchants, qu’Hélène venait de me faire, elle qui, tout enfant, ne m’avait aimé que parce qu’elle me croyait malheureux… mais lorsque je pensai à la profonde et incurable blessure que je venais de faire à cette âme généreuse, d’une fierté si farouche et si outrée, je fus saisi d’un épouvantable et vain remords.

Hélas ! j’eus tout loisir de savourer l’amertume de mes regrets désespérés, car Hélène fut longtemps à me comprendre… et longtemps à revenir de sa stupeur quand elle m’eut compris.