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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/156

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Mais, lorsque je vis poindre sur ce beau visage l’expression de douleur, d’indignation et de mépris écrasant, qui le rendit d’un caractère majestueux et presque menaçant, je ressentis au cœur un choc si violent que, joignant les mains, je tombai aux genoux d’Hélène en lui criant : — Pardon !

Mais elle, toujours assise, les joues empourprées, les yeux étincelants, se pencha vers moi, puis, tenant mes deux mains qu’elle secoua presque avec violence, et attachant sur moi un regard dont je n’oublierai jamais l’implacable dédain, elle répéta lentement :

« J’aurais songé à votre fortune… moi !! moi Hélène !!! »

Il y eut dans ces deux mots : « moi Hélène ! » un accent de noblesse et de fierté si éclatant qu’éperdu de honte je courbai la tête en sanglotant.

Alors elle, sans ajouter un mol, se leva brusquement, et sortit du pavillon d’un pas ferme et sûr.

Je restai anéanti.

Il me sembla que désormais ma destinée était irréparablement vouée au mal et au malheur.

Pourtant je résolus de revoir Hélène.