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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/172

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Hélène !… qui vous avais aimé dès l’enfance, et qui venais de vous faire l’aveu le plus confiant et le plus loyal : — Hélène, vous avez tout calculé ; vos aveux, votre tendresse, vos souvenirs, tout cela est feint et menteur ; c’est un infâme artifice, car vous ne songez qu’à ma fortune. — Un pareil soupçon tue l’affection la plus outrée. Je vous aurais tout pardonné, perfidie, inconstance, abandon, parce que tel coupable ou criminel que soit l’entrainement des passions, ce mot passion peut lui servir d’excuse ; mais cette défiance froide, hostile et hideusement égoïste, qui, couvant des yeux son trésor, soupçonne les plus généreux sentiments d’y vouloir puiser, ne peut être causée que par la cupidité la plus basse ou la personnalité la plus honteuse. Vous blasphémez et vous mentez en invoquant le souvenir de votre père… Votre père était assez malheureux pour croire au mal, mais il était assez généreux pour faire le bien. Ne me parlez pas de repentir…, chez vous l’instinct d’abord a parlé ; votre première impression a été infâme… le reste est venu par réflexion, par honte de cette indignité ; cela ne me parait que plus méprisable, car vous n’avez pas même l’énergie persis-