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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/182

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aussi très-grand, très-noble et surtout très-savant joueur, ce qui semblerait d’abord assez contredire les principes d’ordre dont on a parlé. — Loin de là. — Pour la plupart des gens du monde le jeu n’est plus un effrayant défi qu’on jette à la destinée, une source brûlante d’émotions terribles ; c’est beaucoup plus une affaire qu’un plaisir. On a sa bourse de jeu, somme qu’on ne dépasse pas ; c’est encore un capital qu’on tâche de rendre le plus productif possible en le ménageant, en ne le hasardant pas, en étudiant les règles et les combinaisons du jeu avec une ardeur incroyable, en se pénétrant bien de son essence, en s’exerçant constamment, en se livrant à ses essais avec une profonde et méditative attention ; de la sorte, souvent la bourse de jeu, dans les bonnes années, rapporte quinze et vingt pour cent aux joueurs froids, prudents et habiles. Du reste, le jeu étant ainsi devenu une affaire de science exacte, d’intérêt, et généralement de haute probité, les forces des joueurs sont assez également réparties pour qu’on puisse se permettre toute l’irritante anxiété d’un coup de douze ou quinze cents louis, parce qu’on sait bien qu’au bout des mauvaises années, la balance du gain et de la perte est à peu près égale. Encore une fois,