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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/183

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rien de plus curieux dans notre époque que cette lutte singulière entre une sage et froide prévoyance qui songe à l’avenir et les passions ardentes, naturelles à l’homme, auxquelles l’on trouve moyen de satisfaire à peu près par cette espèce d’assurance calculée contre leurs fâcheux résultats [1].

M. de Cernay avait eu, disait-on, assez de succès auprès des femmes ; mais en vieillissant, comme il disait, il trouvait mieux, afin d’être plus libre, plus ordonné, et de satisfaire aussi à son goût pour l’évidence, qui était un des traits saillants de son caractère, il trouvait

  1. Comme trait de physionomie bien contrastant avec nos mœurs, on ne peut s’empêcher de citer ce billet de madame la princesse d’Henin à madame de Créquy, rapporté dans les délicieux et spirituels souvenirs de madame de Créqny :

    « Je ne vous dirai pas, vous qui savez tout, puisque vous êtes excédée de cette formule, mais vous qui n’ignoiez de rien, ma chère, ayez la bonté de m’expliquer une chose que je ne conçois pas et qui parait devoir importer à mes intérêts financiers (pardon du motif). Je commencerai par vous dire que M. de Lally est à Saint-Germain, et que madame de Poix ne sait que répondre à la question qui m’occupe ; ses enfants sont en course, et voilà pourquoi je vous écris dare-dare à l’autre bout de Paris. — Le chevalier de Thuysi m’écrit mot pour mot : Je vous conseille de prendre garde au sieur Lefèvre, on m’a prévenu qu’il allait déposer son bilan. (Je vous dirai que ce Lefèvre est devenu mon homme d’affaires depuis que je n’ai plus d’affaires.) Mais que faut-il conclure de cet avertissement du chevalier ? — Dites-nous, je vous prie, ce que signifie déposer son bilan ? Madame de Poix suppose que c’est une sorte de métaphore, et nous en sommes là. »