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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/22

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ai… et il y a de quoi en avoir. Ce n’est pas pour la chose, mais c’est pour la rouerie… et puis parce qu’il m’a appelé son bon ami, le vieux : monstre ! son bon ami !  !  ! D’ailleurs vous allez voir, monsieur. Ce voyage-là, c’était donc il y a trois mois : ça se trouvait à mon tour de marcher, je me chauffais dans l’écurie, entre mes chevaux, car le froid pinçait encore dur ; sur les onze heures du matin, j’entends claquer, claquer, mais claquer comme à cent sous de guides, et puis la voix essoufflée de Jean-Pierre, qui crie : — Deux chevaux de calèche ! — Bon ! je me dis, c’est du chenu et ça me revient. Je sors pour voir le voyageur : c’était une mauvaise calèche à rideaux de cuir ; une espèce de berlingot dont on ne voyait pas la couleur, tant il était couvert de boue. Je me dis en moi-même : Bon ! c’est sans doute un médecin qui vient voir un malade qui se meurt. Mais, sarpejeu ! voilà que j’entends une voix qui avait tout l’air d’orner un mourant lui-même, et qui criait du fond du berlingot, autant qu’elle pouvait crier, moitié toussant, moitié renâclant :

« Ah ! gueux de postillon ! ah ! misérable ! tu veux donc me tuer en me faisant aller ce train-là ? »