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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/252

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— Ils semblaient du moins, — reprit M. de Cernay, — vivre très en froid l’un avec l’autre ; seulement, lors de la maladie du marquis, madame de Pënâfiel se montra très-assidue près de lui ; mais, entre nous, qu’est-ce que cela prouve ?

— Tout au plus qu’elle aurait été très-assidue, ou plutôt fort hypocrite, car, avant comme après son veuvage, on lui a reconnu sans doute beaucoup d’adorateurs heureux ?

— On lui en suppose beaucoup du moins, et il est clair qu’on ne se trompe pas, — dit le comte ; — mais elle est si fine, si adroite ! n’écrivant jamais que des billets du matin très-insignifiants. Quant à Ismaël, c’est une folie incompréhensible qui sort de ses habitudes et qui ne s’explique que par la violence d’un caprice insurmontable ; on parle aussi de déguisements, d’une petite maison qu’elle aurait dans je ne sais quel quartier perdu. En un mot, il est bien évident pour tous les gens sensés que, si madame de Pënâfiel n’avait qu’une seule et honorable affection, elle ne la cacherait pas ; tandis qu’au contraire, à l’abri de ces mille bruits contradictoires qui promènent de l’un à l’autre les soupçons du monde, il est hors de doute qu’elle se livre sourdement à toutes ses