Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/253

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fantaisies. Et puis enfin pourquoi est-elle si coquette ? pourquoi chercher autant à plaire ? Si vous allez chez elle, vous le verrez. Or, quand on a un tel besoin, une telle rage de paraître charmante, on ne se contente pas d’admirations désintéressées.

— Mais, — dis-je à M. de Cernay, — le vainqueur de cette lutte, qui par son retentissement a dû déranger fort les habitudes mystérieuses de madame de Pënâfiel, M. de Senneterre, que devient-il ?

— Oh ! — dit le comte, — Senneterre est sacrifié, indignement sacrifié ; car, à part sa folle passion pour Ismaël, par esprit de contradiction, madame de Pënâfiel est capable de pleurer le mort et de détester le survivant ; ce qui le prouve du reste, c’est que maintenant Senneterre a le bon goût et le tact de soutenir qu’il ne s’est jamais occupé de madame de Pënâfiel, et qu’elle est absolument étrangère à ce défi ; oui, il répète maintenant à qui veut l’entendre qu’il n’a engagé ce malheureux pari avec Merteuil que par entraînement d’amour-propre. Ils avaient, — dit Senneterre, — tous deux déjeuné chez lord ***, et en sortant de chez lui chacun se prit à vanter les rares qualités de son cheval : l’exaltation s’en mêla, et enfin ce fatal défi