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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/62

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mais, hélas ! si le crime de ces infortunés fut grand, leur châtiment fut terrible !

Pardonnez-moi si je m’attendris à ce souvenir. Je vous disais donc, — reprit l’abbé en essuyant ses larmes, — que je vis, un dimanche, cette dame agenouillée dans l’église : je montai en chaire, et j’allai jusqu’à faire des allusions directes, cruelles même, dans le sermon que je prononçai, contre la détestable immoralité des grands et des riches de la terre, qui pensaient, ajoutai-je, atténuer leurs fautes en jetant aux pauvres une dédaigneuse aumône : j’exaltai le malheureux qui prie, croit, et partage le pain dont il a faim avec un plus misérable que lui ; et je trouvai à peine un froid éloge à donner au riche, pour qui la bienfaisance n’est qu’une superfluité facile. Je fis plus, j’exaltai de nouveau la paisible et vertueuse existence du pauvre qui cherche l’oubli de ses maux dans la douceur d’un lien béni par Dieu, et je m’élevai violemment contre les riches qui semblent fouler aux pieds toute morale reçue, et trouver une sorte de méchant plaisir à braver ainsi les devoirs qu’ils regardent, dans leur orgueil impie, comme indignes d’eux, et bons, disent-ils, pour les misérables !…