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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/108

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qu’elle aura derrière elle, pour fuir devant le temps, les cent lieues qui séparent l’île de Malte de la côte nord d’Afrique.

— Cette proposition sent trop la timidité, pilote ! — s’écria Williams ; — une ourque flamande aurait plus de hardiesse. D’ailleurs, milord veut absolument mouiller ce soir dans le port de Malte, et moi je maintiens la chose praticable.

— Alors, il faut l’exécuter vous-même, monsieur, — reprit le pilote d’un air impassible ; puis, allant à l’arrière, il dit en anglais aux matelots qui restaient dans sa chaloupe : — Holà !… préparez-vous à larguer l’amarre, nous allons retourner à Harrach…

Cette fois encore, en entendant la voix claire et perçante du pilote, sauf la différence d’idiome, il me sembla reconnaître l’accent de l’homme au capuchon noir, qui, un moment avant l’abordage du yacht, avait crié à ses pirates : Ne tirez pas ! à l’abordage !

Williams, voyant que le pilote s’apprêtait sérieusement à partir, lui dit d’attendre un instant, qu’il allait prendre les derniers ordres du lord, et il disparut en effet.

Je restai sur le pont dans une perplexité de plus en plus grande.