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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/107

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crus sous l’obsession d’un rêve ; il me sembla reconnaître les dents blanches, séparées, aiguës du pirate avec lequel j’avais lutté corps à corps lors de l’attaque de la goélette.

Mon étonnement fut si grand, que je fis tout à coup deux pas en avant en attachant sur le pilote des yeux stupéfaits ; mais celui-ci supporta mon regard avec la plus parfaite impassibilité, et, je l’avoue, je fus obligé de baisser la tête devant son coup-d’œil calme et indifférent.

Williams, impatient du silence du pilote, lui dit sans s’apercevoir de ma préoccupation : — Mais enfin, que proposez-vous ?

— Si le temps devient trop forcé, comme je n’en doute pas, monsieur, au lieu de risquer de voir le yacht jeté à la côte par la tempête et par les courants, avant qu’il n’ait pu atteindre l’entrée du port de Malte, mon avis est de doubler la pointe de Harrach, et au lieu d’aborder du coté nord de l’île, d’aborder à la côte sud… au petit port de Marsa-Siroco, où vous trouverez un très-bon mouillage. Si, comme vous le dites, votre goélette s’élève bien au vent, alors rien ne gênera sa manœuvre une fois sous le vent de l’île… mais au moins, en cas de tempête, elle ne risquera pas d’être jetée à la côte, puis-