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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/132

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termination ; la plénitude du bonheur me déborde, mes souvenirs les plus cruels s’effacent, mon âme est engourdie dans une félicité si enivrante, que le passé même, autrefois si désolant, me devient indifférent.

Hélène, Marguerite, Falmouth… votre souvenir ne m’apparaît plus que pâle, lointain… voilé.

Je me demande comment j’ai pu tant souffrir pour vous et par vous.

Mais qu’entends-je sous mes fenêtres ?……

C’est le son de la lyre albanaise de Daphné qui invite Noémi et Anathasia à danser la romaïque…

Que la description de tout ce qui m’entoure, que le riant tableau que j’ai sous les yeux, pendant que j’écris ces lignes, ici à Khios, dans le palais Carina, reste sur ces feuilles inconnues, comme l’image fidèle d’une réalité charmante…

Sans doute ces détails paraîtraient puérils à tout autre qu’à moi ; mais c’est un portrait que je veux, et un portrait d’Holbein, s’il se peut, vu et peint à la loupe avec une fidélité scrupuleuse ; car si jamais je viens à regretter cet heureux temps de ma vie, chaque trait, chaque