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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/131

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respirer l’air pur et frais du jardin que je cultiverais, que l’air étouffant des raouts ; me tenir sur mes genoux à matines, que sur mes jambes pendant une nuit de fête ; je ne sais enfin si je ne préférerais pas le silence méditatif du cloître au caquetage des salons, et si je ne dirais pas avec le même désintéressement le — Frère, il faut mourir, — de l’ordre religieux, que le — Frère, il faut se divertir, — de l’ordre mondain.

Une chose seulement m’étonne, c’est d’être resté si longtemps sans savoir où se trouvait le bonheur véritable.

C’est d’être seul à en jouir dans cette île enchantée.

Quand je songe à la vie onéreuse et pourtant étroite, obscure et misérable que le plus grand nombre s’impose par routine, dans des villes infectes, sous un climat pluvieux, presque sans soleil, sans fleurs, sans parfums, au milieu d’une race abâtardie, laide et chétive, lorsqu’il pourrait comme moi vivre sans gêne et en maître absolu parmi les opulentes délices de la création, dans un climat merveilleux… j’ai quelquefois peur que mon paradis soit tout a coup envahi.

Aussi chaque jour je me réjouis de ma dé-