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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/135

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et des melons d’eau, à la pulpe rouge et à la pelure verte, disparaissent presque sous la glace brillante qui remplit de grandes jattes de porcelaine ; sur un plat du Japon s’élève une pyramide d’autres fruits exquis que Daphné la brune a entremêlés de fleurs.

Tout à l’heure, la folle Noémi va me verser dans une coupe de cristal les vins généreux de Chypre, de Scyros ou de Madère, sagement laissés à une tiède température dans leurs carafes de Venise aux longs cols émaillés.

Si je veux chercher une douce excitation à la rêverie, alimenter ma paresse et mon farniente, Anathasia la blonde m’offrira en souriant mon nargileh rempli d’eau de jasmin, ou ma longue pipe à bout d’ambre dont le fourneau sera rempli par ses mains délicates du tabac parfumé de Latakee.

Enfin si, abandonnant mes songes éveillés, je me livre esprit et âme aux pensées des autres, j’ai là près de moi les œuvres des poètes que j’aime : Shakspeare, Goethe, Schiller, Scott, le grand, le divin Scott ! le moderne Homère… Byron !… dont je vis hier à l’horizon passer le noir vaisseau.

Quoique un peu frais, l’air est saturé de parfums. Ces vapeurs de l’aloès, de la myrrhe et du