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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/151

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Après tout, Noémi a du bon… mais elle est diablement ombrageuse et farouche.

Une chose m’étonne, c’est que ces filles soient complètement insensibles aux beautés de la nature.

À l’aide de mon grec de collège, je suis parvenu à comprendre et à parler passablement le grec moderne. Vingt fois j’ai essayé de faire vibrer en elles quelques cordes poétiques : tout est resté muet.

Rien d’ailleurs de plus inculte, de plus barbare que leur esprit.

À l’exception de quelques chants populaires, elles sont d’une ignorance effroyable, ne sachant ni lire, ni écrire ; leurs rivalités, leurs jalousies, leurs médisances, quelques récits exagérés des cruautés des Turcs font le texte habituel de leur entretien.

Au demeurant, ce sont les meilleures filles du monde.

Je me souviens d’une scène qui peint à merveille les nuances du caractère de mes trois Grecques d’agrément, comme disait le renégat.

Un jour je montais pour la première fois un cheval de Syrie qu’on m’avait amené. Il se défendit, fit une pointe, et se cabra si droit qu’il se renversa sur moi.