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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/185

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seulement le temps de retourner à bord pour prendre mes bagages.

— C’est convenu… »

Et du Pluvier me quitta.

La résolution si subite que prit le petit homme d’habiter l’île à ma place ne m’étonna que médiocrement. Du Pluvier était une de ces natures essentiellement imitatives qui, n’ayant aucune idée en propre, s’emparent étourdiment des idées d’autrui et s’en affublent, sans regarder si elles vont ou non à leur esprit. Semblable à ces gens qui mettent un costume, sans s’inquiéter qu’il soit fait ou non à leur taille, du Pluvier avait sans doute été frappé de l’excentricité de mon existence, et il croyait être fort original en la continuant.

Sans doute encore, les passagers de la frégate avaient du, en causant de cette étrangeté, louer, blâmer, ou exagérer la singulière disposition de caractère qui conduisait un homme du monde à vivre ainsi de la sorte ; mais comme ils avaient probablement, malgré les louanges ou le blâme, considéré cette résolution comme peu vulgaire, du Pluvier crut se mettre dans la même disposition de non-vulgarité en prenant ma place. Peut-être enfin