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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/197

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faute, jamais un cri ; s’ils se reposaient de leurs fatigues, jamais un chant.

Le capitaine de la frégate et son lieutenant, avec lesquels madame et M. de Fersen vivaient ainsi que moi, étaient des hommes parfaitement bien élevés, étaient de fort bons marins, mais leur esprit n’avait rien de saillant.

M. de Fersen lisait presque continuellement une collection d’ouvrages dramatiques français.

Nous restions donc, madame de Fersen et moi, très-esseulés au milieu de cette petite colonie ; ni les choses, ni les hommes, ni les événements ne devaient nous distraire de nos préoccupations individuelles.

Au milieu de ce calme profond, de cet isolement, de ce silence, les moindres fantaisies de la pensée devaient donc fortement s’empreindre sur la trame unie d’une vie si simple ; en un mot, et si cela peut se dire, jamais toile ne fut plus également préparée pour recevoir les inspirations du peintre, quelque variées, quelque bizarres qu’elles fussent.

À midi, nous nous rassemblions pour déjeuner, puis venait une promenade sur le pont ; ensuite M. de Fersen retournait à la lecture de ses chers vaudevilles, et les officiers à leurs observations nautiques.