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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/201

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un nouveau silence, elle reprit en se retournant vers madame de Fersen : — Oui, ma mère, je l’aimerai beaucoup, je l’aimerai comme j’ai aimé Ivan !…

Sa petite figure prit en disant ces mots une si ravissante expression de gravité réfléchie que je ne pus m’empêcher de sourire.

Mais quel fut mon étonnement lorsque je vis madame de Fersen jeter tour à tour des regards presque stupéfaits sur Irène et sur moi, comme si elle eut attaché une grande importance à ce que sa fille venait de me dire !

— Quoique je n’aie maintenant rien à envier à l’heureux Ivan, voilà un aveu, madame, qui sera, je le crains bien, oublié dans dix ans d’ici, — dis-je à la princesse.

— Oublié… monsieur !… Irène n’oublie rien… Voyez ses larmes au souvenir d’Ivan…

En effet, deux grosses perles roulaient sur les joues de l’enfant, qui continuait d’attacher sur moi son regard à la fois triste, doux et interrogatif.

— Mais quel était donc cet Ivan, madame ?

Les traits de madame de Fersen s’assombrirent, et elle me répondit avec un soupir : — Ivan était un de nos parents, monsieur, qui est mort très-jeune, — et elle hésita un moment…