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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/200

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turelle aux enfants, Irène vous contemplait longtemps et fixement, sans baisser les franges de ses longues paupières brunes.

Son nez était mince et charmant, sa bouche petite, vermeille, et je dirais que sa lèvre inférieure un peu saillante était dédaigneuse… si le dédain ne semblait pas incompatible avec cet âge. Enfin sa taille, ses mains et ses pieds étaient d’une perfection rare.

Irène, par une touchante superstition de sa mère, avait été vouée au blanc après une longue maladie ; la simplicité presque religieuse de ce vêtement donnait un nouveau caractère à sa physionomie.

Je l’ai dit, c’était le troisième jour après notre départ de Khios,

Irène, qui jusqu’alors avait paru m’observer avec une sorte de défiance inquiète, et qui s’était peu à peu apprivoisée, vint résolument me dire avec une solennité enfantine :

— Regardez-moi, que je voie si je vous aimerai bien.

Puis après avoir attaché sur moi un de ces longs regards fixes et pénétrants dont j’ai parlé, et devant lequel, je l’avoue, je fus obligé de baisser la vue, Irène ajouta :

— Oui, je vous aimerai bien. — Puis, après