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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/205

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cation très-cultivée et un jugement d’une maturité précoce. Lors de son mariage, le prince était ambassadeur à Vienne.

Il avait d’abord craint l’inexpérience de sa femme, chargée si jeune de toutes les responsabilités qui pèsent sur l’ambassadrice d’une grande puissance auprès d’une cour aussi sévère, aussi grave et aussi digne dans son étiquette que la cour d’Autriche. Mais madame de Fersen, merveilleusement douée, satisfit aux moindres exigences de sa position, grâce au tact exquis, aux nuances délicates, à la mesure parfaite qu’elle sut apporter dans des relations si difficiles.

— « Toute jeune, pétrie de grâce et d’esprit, — me dit le prince, — vous jugez si madame de Fersen fut aussitôt entourée, courtisée par la fine fleur de tous les étrangers qui arrivaient à la cour de Vienne.

« Quoiqu’un mari ne doive pas plus parler de la vertu de sa femme qu’un gentilhomme de sa race, — ajouta M. de Fersen en souriant, — je crois, je sais que la femme de César na jamais été soupçonnée, et pourtant César avait cinquante ans… Et pourtant je m’étais marié moins peut-être par amour, quoique Catherine fut charmante, que parce qu’il est cer-