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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/218

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— Quel dommage que ce rêve ne soit qu’une charmante folie », — dit madame de Fersen en soupirant.

— Oh ! n’est-ce pas, madame ! car avouez que rien ne serait plus adorable que toutes les phases mystérieuses de cet amour, exalté comme l’espérance, passionné comme le désir, et pourtant légitime et permis ! N’est-ce pas que le jour où, après une cour assidue, la jeune femme, enivrée de tendresse, confirmerait par un enivrant aveu les droits si ardemment attendus que son mari n’a voulu tenir que d’elle… n’est-ce pas que ce souvenir serait bien durable et bien délicieux à son cœur ? à elle ? ainsi librement obtenue ? N’est-ce pas que, plus tard, les galanteries, les empressements du monde lui sembleraient bien pâles auprès de ces jours de bonheur radieux… et brûlants, toujours présents à sa pensée ? N’est-ce pas, enfin, qu’un tel souvenir garantirait presque sûrement une femme de toutes les séductions coupables, qui ne lui causeraient jamais les ravissements ineffables qu’une légitime et sainte union lui aurait fait si délicieusement éprouver !…

À mesure que je parlais, madame de Fersen me regardait avec un étonnement croissant ; enfin elle me dit : — Comment, monsieur,