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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/219

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vous auriez véritablement sur le mariage ces idées d’une délicatesse peut-être exagérée ?…

— Sans doute, madame, ou du moins je les emprunte, dans ma prédiction, à celui qui un jour doit être assez heureux pour se charger du bonheur de votre fille… Aussi ne trouvez-vous pas qu’un mari tel que je le lui prédis beau, jeune, bien né, spirituel et charmant, qui penserait ainsi… lui offrirait de grandes chances de félicité durable ; car, j’en suis sur, mademoiselle Irène sera douée de toutes les précieuses qualités de l’âme qui peuvent inspirer et apprécier un tel amour.

— Ah ! sans doute, ce serait un beau rêve… Je vous le répète, seulement ce qui m’étonne beaucoup, c’est que vous fassiez de pareils rêves, — me dit-elle d’un air assez moqueur.

— Mais pourquoi, madame ?

— Comment ? vous, monsieur, qui êtes venu chercher en Orient l’idéalité de la vie matérielle !…

— Cela est vrai, madame, — lui dis-je à voix basse en la regardant fixement ; — mais aussi, n’ai-je pas à l’instant quitté cette vie, lorsque j’ai dû au hasard de connaître, c’est-à-dire de pouvoir adorer une idéalité toute contraire, celle de l’esprit, de la grâce et du cœur ?…