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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/240

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jalouse… Et puis, je vous avouerai encore une faiblesse… Eh bien ! oui, il me serait odieux de penser que le monde parle avec son insolente et brutale moquerie de ce qui fait mon bonheur, de ce qui fait mon orgueil… Oui, tout mon rêve serait que cette intimité charmante, qui restera un des plus adorables souvenirs de ma vie, fût ignorée de ce monde, car sa parole effrontée en souillerait la pureté.. ! et ce rêve… je le réaliserai…

— Ainsi donc, — me dit madame de Fersen d’un air presque solennel, — il faut renoncer à nous voir à Paris ?

— Non, madame… non… mais vous me verrez le soir de vos jours de réception comme tous les hommes que vous recevrez ; plus tard, peut-être me permettrez-vous quelques rares visites du matin…

Madame de Fersen resta longtemps silencieuse et méditative, sa tête baissée sur son sein ; tout à coup elle la releva ; son visage était légèrement coloré, son accent profondément ému, et elle me dit :

— Vous êtes un noble cœur. Votre amitié est austère, mais elle est grande, forte et généreuse… je comprends les devoirs qu’elle m’impose… j’en serai digne… De ce moment, — et