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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/239

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que avec effroi… — Quel tableau !… Puisse-t-il n’être pas vrai !…

— Il ne l’est que trop, madame ; si le monde était, comme on le suppose, sagace et pénétrant, il serait moins dangereux, car il serait vrai… mais il n’est que bavard, méchant et grossièrement crédule, c’est ce qui le rend si nuisible !… Lui, pénétrant !… Mais il est trop pressé de calomnier pour se donner le temps d’être pénétrant. Est-ce qu’il a le loisir d’étudier les sentiments qu’il suppose ! il aime bien mieux s’en tenir aux dehors et deviner les apparences qu’on lui montre sans défiance, parce qu’elles sont souvent innocentes… cela suffit à l’infernale activité de son envie. Ah ! croyez-moi, madame, je n’aurais pas la triste expérience que j’ai des hommes et des choses, que l’instinct de mon attachement pour vous m’éclairerait… car vous ne saurez jamais combien tout ce qui vous touche m’est précieux, combien je serais désespéré de voir obscurcir cette radieuse auréole qui vous embellit encore… Je vous le répète, l’honneur de ma mère, de ma sœur, ne me serait pas plus cher que le vôtre ; aussi, songez à ce qu’il y aurait d’affreux pour moi si j’étais la cause d’une calomnie qui porterait atteinte… à ce trésor dont mon amitié est si