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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/97

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Quelles heures je passai, mon Dieu ! Cette crise fut épouvantable.

Les émotions que je venais de ressentir, jointes à l’ardeur de la fièvre, exaltèrent à ce point ma sensibilité nerveuse, que, replié dans mon lit, je ne pouvais supporter l’éclat du jour ; je cachai ma figure dans mes mains, et je pleurai amèrement…

D’habitude, les larmes me soulageaient, mais celles-ci étaient âcres et cuisantes.

Puis, lorsque mon désespoir eut atteint son paroxysme, par un triste besoin de contraste qui m’était familier, je comparai ce qui était à ce qui avait été… surtout à ce qui aurait été… si je n’avais pas volontairement flétri, brisé, souillé tant de nouvelles chances de bonheur !

Au lieu de chercher à cacher ma honte dans la solitude et dans les ténèbres, au lieu de me plonger dans les idées les plus tristes, au lieu de subir cet isolement que je venais de provoquer si outrageusement, je me serais senti le cœur allègre, épanoui !

Cet homme, qui alors me haïssait, qui me méprisait, qui n’attendait plus que l’heure de laver son injure dans mon sang, eut, comme toujours, été là, près de moi, affectueux et